La Garde républicaine

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III. LA GARDE RÉPUBLICAINE DE PARIS

Comme les gardiens de la paix et les sapeurs-pompiers, la Garde républicaine de Paris a pour ancêtre le lointain « Guet de Paris » qui existait déjà au temps de saint Louis, composé du guet royal et du guet des métiers, placé sous l’autorité du chevalier du guet, assimilé aux officiers de la Maréchaussée et dépendant à partir de 1595 de la Connétablie et Maréchaussée de France.

En 1666, devant les difficultés éprouvées par les soldats du guet pour s’acquitter de leur tâche de surveillance de la capitale, Colbert crée, en appoint à la compagnie du guet, formée d’archers à pied, une compagnie d’ordonnance de cavaliers qui fusionnera au cours du XVIIIe siècle avec une « Compagnie pour la garde des quais et remparts », auxquelles peu à peu l’usage prévaudra de donner le titre de « Garde de Paris ».

Sous la Révolution, elle est absorbée par la Garde nationale qui n’avait aucun caractère vraiment militaire ; cette structure militaire n’apparaît qu’en 1802 (1), avec la création par Bonaparte d’une Garde municipale de Paris composée de deux régiments à pied et d’un escadron à cheval, soumise aux lois et règlements militaires. Outre le service de police, la Garde doit assurer celui des spectacles et surveiller « les portes et les grandes barrières ».

Sous l’Empire, comme la Gendarmerie territoriale, elle fournit son contingent à l’armée impériale. Elle se distinguera notamment à Dantzig et à Friedland en 1807, à Alcoléa et à Burgos en 1808, mais, compromise en 1812 dans la conspiration du général Malet, elle sera dispersée dans les armées et remplacée en 1813, pour le service de la capitale, par la Gendarmerie impériale de Paris, forte d’un régiment, composé en grande partie d’anciens militaires de Gendarmerie rapatriés d’Espagne.

Devenue Gendarmerie royale de Paris dès les premiers jours de la Restauration, elle fut dissoute à la suite des journées de juillet 1830 et remplacée le 16 août 1830 par la Garde municipale de Paris recrutée en dehors de la Gendarmerie.

A la suite de la création, en 1830, des « sergents de ville », ancêtres des actuels gardiens de la paix, plus spécialement chargés de la police proprement dite de la capitale, la Garde se verra surtout confier la défense du régime contre les fauteurs de trouble, révolutionnaires ou factieux de tous ordres, ce qui se produira fréquemment sous le règne de Louis Philippe jusqu’aux « trois glorieuses », les trois journées des 22, 23 et 24 février 1848 où la Garde municipale, comme la Gendarmerie royale en 1830, sera abandonnée par les troupes de ligne dans sa défense de l’ordre établi ; elle sera licenciée le 25 février par le Gouvernement provisoire pour faire place durant quelques mois (25 février-9 juin 1848) à une « Garde civique » recrutée parmi les insurgés et elle-même dissoute au lendemain de nouvelles émeutes.

La Garde républicaine parisienne qui lui succéda céda la place en 1849 à un nouveau corps, la Garde républicaine, réorganisé dans le sens militaire strict : sous les ordres du ministre de la Guerre pour la discipline et l’administration, et à la disposition du ministre de l’Intérieur et du préfet de Police pour le service particulier de la capitale (2).

Le 11 décembre 1852, elle reprend le nom de Garde de Paris. C’est finalement en 1870 que la République lui donne son appellation actuelle de Garde républicaine de Paris. En 1873, elle est constituée en légion comprenant un régiment d’infanterie et un régiment de cavalerie.

• Son uniforme, qui est resté traditionnel :

— shako à plumet et redingote bleue à aiguillettes rouges pour l’infanterie,
— casque à crinière, tunique avec parements passepoilés et retroussis écarlate, culotte blanche et bottes à l’écuyère pour la cavalerie,
en fait une prestigieuse troupe de parade.

• Sa musique militaire est une des premières du monde.

Mais la Garde républicaine de Paris n’est pas qu’une troupe de parade et elle a payé un lourd tribut dans les émeutes jalonnant l’histoire politique de la capitale comme sur les champs de bataille des guerres de 1914-1918 (où la totalité des officiers et le tiers des sous-officiers furent versés dans les unités combattantes), de 1939-1945, et dans les opérations d’Indochine et d’Algérie.

(1) Arrêté du 12 vendémiaire an IX (4 octobre 1802).
(2) Le personnel était de nouveau recruté dans les mêmes conditions que celui de la Gendarmerie.