
Les temps sont durs, même pour les prestigieux et indispensables hélicoptères de la Gendarmerie. Selon nos informations, la direction générale a décidé de diminuer de 1.300 le nombre d’heures de vol disponibles en 2020 pour les forces aériennes de gendarmerie (FAG).
La mesure est une saignée franche dans l’activité de toute la Gendarmerie. L’Institution avait en effet prévu de disposer de 19.300 heures de vol en 2020 pour ses 56 hélicoptères. Un volume équivalent à celui de 2019. Mais les 150 pilotes de l’Institution ne pourront donc finalement en utiliser que 18.000, économies oblige. Selon nos informations, l’essentiel de cette économie porte sur les heures de vol des hélicoptères Ecureuil. Un choix paradoxal car c’est l’appareil dont l’heure de vol est la moins onéreuse.
Un nombre d’hélicoptères guère élevé
Les forces aériennes de la Gendarmerie possèdent en effet 26 Ecureuil livrés dans les années 80 ainsi que 15 EC145 et 15 EC135 livrés dans les années 2000. Des chiffres guère élevés. A titre de comparaison, l’Allemagne dispose, pour ses forces équivalentes, de 200 pilotes et 93 machines: 10 EC120 de formation initiale, 24 EC135, 19 EC145, 18 EC155 et 23 appareils de transport de troupe. A ces machines s’ajoutent à celles de la police de chaque Lander ! La flotte de l’Institution n’est donc pas surdimensionnée.
Le coût d’entretien est par ailleurs “raisonnable”, estimait le précédent directeur général, le général Richard Lizurey devant les députés de la commission de la défense. Il rappelait qu’à 21 millions d’euros, le maintien en condition opérationnelle des hélicoptères de la Gendarmerie est “le moins élevé de l’ensemble des flottes”. Pour ses 34 EC145, la sécurité civile dépense ainsi 25 millions d’euros pour 16.000 heures de vol annuelles.
Malgré cette gestion de bon père de famille, la Gendarmerie a donc décidé de limiter les heures de vol de ses appareils. Elle avait déjà eu du mal à trouver les 500.000 euros nécessaires pour utiliser les Puma des armées, indispensables à la formation et aux actions du GIGN. “Nous nous heurtons à une limite budgétaire”, expliquait Richard Lizurey.
Se recentrer sur le corps de métier
Désormais, l’Institution se concentrera “davantage sur les missions de sécurité publique, la partie secours me semblant naturellement dévolue à nos camarades sapeurs-pompiers”, notait Richard Lizurey. “Aujourd’hui les hélicos de Gendarmerie font un peu les deux. Nous devrons nous recentrer sur notre corps de métier. Nous le faisons déjà et nous allons continuer à le faire”.
Cette réduction de la facture aéronautique est difficile à comprendre, alors que les hélicoptères sont en première ligne dans la résolution des crimes et délits, des opérations de recherches de personnes disparues et de la lutte contre le terrorisme. A cet égard, ces appareils contribuent à l’entraînement du Raid et du GIGN, ainsi qu’à leurs antennes. Ce savoir-faire reconnu a permis aux pilotes de la Gendarmerie de participer pour la première fois, en décembre, à l’exercice Esterel. Le risque majeur évidemment, déjà intervenu pour les équipages d’hélicoptères militaires, reste de passer sous la barre du volume horaire nécessaire à tenir une bonne sécurité des vols.