Tireur d’élite, bricoleur de génie, inventeur et metteur au point d’armes exceptionnelles, le Capitaine Barril est réputé dans le monde entier comme un super-professionnel. Les plus grandes firmes françaises et étrangères font régulièrement appel à ses talents. En exclusivité pour les lecteurs de Commando, il nous décrit ses armes favorites.
Il a été, en 1976, l’un des fondateurs du G.I.G.N., le prestigieux Groupe d’intervention de la Gendarmerie Nationale. Il a arrêté 113 personnes, participé à la reddition de 61 forcenés, neutralisé à mains nues 16 individus armés, libéré 500 otages. Tireur d’élite, le Capitaine Paul Barril est aussi un inventeur d’armes, un metteur au point : explosifs, gaz, gadgets électroniques… Les plus grandes firmes françaises et étrangères font régulièrement appel à lui pour créer de nouveaux matériels. Personne ne nous a paru mieux qualifié que lui pour faire bénéficier les lecteurs de Commando de son expérience sur un sujet délicat : le choix des armes.
Commando : «Capitaine Barril, quelles sont vos armes de poing préférées ?
Capitaine Paul Barril : L’arme de poing que je porte sur moi en permanence est un Bodyguard Airweight de Smith et Wesson, à 5 coups, avec chien caréné et poignées Paychmair. Elle ne m’a jamais quitté, même lorsque j’étais au G.I.G.N. C’est l’arme la plus légère qui existe : elle pèse 540 grammes. J’utilise des projectiles spéciaux CCI en aluminium, à pointe creuse. C’est une arme fabuleuse, qu’on a toujours sur soi. Elle ne possède pas d’instruments de visée réglables. Je peux vous dire qu’ à 25 mètres avec cette arme je casse une bouteille à tous les coups. J’ai fait réaliser un étui spécialement pour elle par scorpion. Il y a une pince métallique à l’intérieur de l’étui : même en courant, l’arme ne peut pas tomber. Je le porte à droite et légèrement à l’arrière.
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L’étui représente un tiers de l’efficacité de l’arme. Je la passe à ma ceinture. Dans le tir rapide ou le tir de combat, la ceinture doit être adaptée à l’étui : le passant de l’étui doit correspondre exactement à la largeur de la ceinture. Sinon l’étui va basculer vers l’avant ou vers l’arrière. Les gens ne le savent pas : ils mettent souvent n’importe quelle ceinture avec n’importe quel étui. Or c’est un détail capital. Pour en revenir à l’arme, ce qui est amusant, c’est que lorsqu’on vit avec, on ne la sent plus. On l’oublie totalement. C’est une arme de défense. Ça suffit largement pour un professionnel.
C : A propos de défense, est-ce que vous portez un couteau ?
C.P.B. : J’ ai toujours sur moi un Push Dagger. Il a été fait à Thiers, avec une particularité : la poignée est en nacre. Ça peut servir à beaucoup de choses : ouvrir du courrier… à la chasse, il m’a servi à terminer des animaux. J’ai aussi un couteau suisse, avec stylo, tournevis, pince à épiler… J’ai également une petite Maglite avec étui qui permet de la cliper à la ceinture. C’est mon équipement de base, sans oublier le téléphone portable, un instrument indispensable pour un garde du corps ; J’ai aussi un petit Ericsson avec étui.
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C : Revenons aux armes de poing.
C.P.B : Ma deuxième arme, c’est mon arme fétiche. Elle est un peu dépassée aujourd’hui, mais je lui garde beaucoup d’amour. C’est un pistolet automatique Smith et Wesson, un 559. C’est l’arme que j’avais au G.I.G.N. J’ai 4 chargeurs qui vont avec, en 9 mm : ça fait 60 coups. C’est une grande capacité de feu. Cette arme est très lourde, on fait mieux aujourd’hui, mais je l’ai gardée : je n’ aime pas changer. J’ai un étui en velcro et un poignard Gerber qui va avec. Il m’a été offert par des Bérets Verts américains.
J’ai également une autre arme, en 44 Magnum, un revolver Ruger Redhawk Stainless, avec canon de 7 pouces et demi. Très personnalisé, avec bipied court et lunette Bushnel grossissement 3. Avec ça, je touche une pièce de 5 francs à 100 mètres. En fait, c’est comme une petite carabine.
C : C’est vous qui avez introduit ce type d’arme au G.I.G.N.?
C.P.B. : Oui. Cette amie a beaucoup de possibilités. On peut tirer des pointes creuses, des pointes expansives, et même du plomb, du 8 ou du 9. C’est une amie lourde, mais c’est une arme d’appui. On peut neutraliser avec un tireur isolé jus-
qu’à 140 mètres à peu près. C’est une arme que j’ai mise au point et que j’ai conservée. Le revolver est nu : en 2 secondes, on met le bipied, et en 3 secondes, on clippe la lunette. C’est une arme extraordinaire.
L’arme que je porte sur moi en permanence est un Bodyguard Airweight de Smith et Wesson. Elle est si légère qu’on finit par l’oublier totalement.
En arme de poing, j’aime beaucoup les SIG, les 230, des petits 9 mm à 9 coups. J’aime aussi les 228 et 226 pour leur fiabilité. Vous savez qu’ il arrivent presque à détrôner les Beretta. Aujourd’hui, tous les automatiques ont à peu près la même capacité de chargeur. Par exemple, le SIG a des chargeurs de 23 coups mais l’arme devient trop lourde.
Pour en finir avec les armes de poing, ma dernière, ma petite favorite, est un Walther TPH en calibre 22. C’est comme un PPK en un peu plus court, en 22 long rifle, avec 2 chargeurs de 7 coups. C’est une arme très légère. Un calibre merveilleux : avec des Stinger, ça a pratiquement la puissance d’un 558. Sur le plan législation, on peut avoir autant de munitions que l’on veut. Ça peut vous permettre de faire du tir et de vous défendre.
N’ oubliez pas que les Israéliens, dans tous leurs avions, protègent les passagers avec du 22. On sait que le Mossad procède à des éliminations, des opérations homo, avec du calibre 22. Une balle de 22 en pleine tête ou au cœur et c’est fini. C’est une très bonne arme. Souvent, ça fait rire. Mais un tireur d’élite qui vous met une balle de 22 en pleine tête, ça a autant d’efficacité qu’un 38.
En dehors des armes à feu, qui sont là pour répondre à une agression de même nature, je fais beaucoup utiliser des sprays au poivre. Et aussi maintenant le R-Taser. C’est une arme à air comprimé qui propulse 2 dards qui entre dans l’individu et qui envoient une décharge de 100 000 volts pendant 30 secondes. L’impact est plus fort qu’avec un projectile de 38 Spécial. C’est non-létal, il n’y a pas de séquelle. Vente libre, port libre.
Je recommande toujours aux gardes du corps d’avoir des autorisations de détention d’arme. Je recommande aussi d’avoir un permis de chasse, ce qui permet de posséder des fusils à pompe. Je suis un grand amateur d’armes d’épaule. J’ai créé un fusil qui s’appelle le HB1, Humbert-Barril.
Mon calibre préféré, c’est le 8x68S, un calibre de chasse. Le projectile part à plus de 1000 mètres/seconde, le poids de la balle est de 11 grammes. Comparons avec le FRF2, le fusil de tireur d’élite de l’armée française : vitesse initiale, 820 mètres/seconde, poids du projectile, entre 8 et 9 grammes. Vous voyez… Mon 8x68S est un calibre de chasse civil. Il n’y a que 3 cartouches dans le magasin. Vente libre, port libre, transport libre. J’utilise une lunette Léopold, grossissement 16. C’est énorme : les lunettes du FRF2 ont un grossissement de 4. Avec ça, je touche une canette de bière à 300 mètres.
J’ai également un fusil automatique italien que peu de gens connaissent, le Cosmi. C’est la Rolls des automatiques, il ne s’enraye jamais. C’est le seul automatique au monde à s’ouvrir en deux comme un juxtaposé. Il peut contenir jusqu’à 8 cartouches. Une mécanique extraordinaire.
C : Pour en revenir aux sprays, vous préférez le poivre au CS ?
C.P.B : Oui. Les chiens sont très sensibles au poivre. D’autre part, si vous prenez un drogué ou quelqu’un en état d’ébriété, le CS ne lui fera pas grand-chose. Par contre, le poivre, c’est radical.
Quant au Taser, dont je parlais tout à l’heure, c’est l’arme idéale pour un garde du corps, dans le respect de la législation.»
Propos recueillis par Pierre-Yves Bénoliel Photos : Jean-Michel Turpin/Gamma et Dung Vo Trung/Sygma
