Peintures aquarelles du GIGN par l’artiste Alexis LE BORGNE (2019)

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Alexis Le Borgne a reçu le trophée du GIGN pour les douze peintures remises à l’unité d’élite. (Photo D. R.-B.)

A seulement 23 ans, Alexis Le Borgne déjà reconnu pour son art , a été récompensé le 11 octobre 2019 par le GIGN pour ses 12 peintures rendant hommage à cette unité dont il a rêvé plus jeune.

Alexis Le Borgne est un artiste hors normes. À 23 ans seulement, il vit de son art depuis trois ans déjà et enchaîne les récompenses. En créateur authentique, le peintre a appris à suivre l’élan de ses dispositions intérieures. Ce qui l’entraîne parfois dans des univers où l’on ne projette pas spontanément l’art comme une évidence. Par exemple, dans le domaine des forces de sécurité. Aucun hiatus esthétique n’effraie toutefois le jeune homme, installé à Plérin (22), et qui vient d’accomplir en trois mois une prouesse physique autant que technique : livrer douze acryliques sur papier aquarelle au prestigieux GIGN. Un cadeau qu’il mûrit sans doute depuis l’enfance. Et qu’il a apporté lui-même à la caserne Pasquier, abritant l’élite de la gendarmerie, le 11 octobre dernier.

Repéré par le commandant du GIGN
« J’ai toujours été fasciné par le GIGN, je crois que j’ai vu tous les reportages à leur sujet, depuis que je suis petit. J’ai donc toujours eu envie de les dessiner mais je n’avais pas le niveau ni le matériel quand j’étais au collège ».

Douze peintures, six heures par toile : « Au début, on m’a montré des photos d’opérations. Je m’en suis inspiré, mais j’ai recréé mes propres scènes. Je voulais raconter des aspects du métier, mais surtout faire ressortir des émotions propres à ce que vivent des opérationnels dans des moments particuliers. Le vertige des chuteurs, par exemple ». Il fallait que l’esthétique des toiles soit au service strict d’ambiances que le peintre ne pouvait pas connaître mais aussi d’une vérité de l’opérationnel. « Une toile, ça peut être beau mais il faut surtout que ça raconte une histoire. Et là, je tenais aussi à exprimer la force du groupe, la cohésion et la fraternité, c’est cela que je voulais mettre en avant ».

L’exigence partagée
Bosseur exigeant, Alexis Le Borgne trouve là les clés d’une concentration peut-être un peu nouvelle. « Je n’avais pas le droit à l’erreur ! Ça m’a poussé à me dépasser, à avoir une exigence pour être au service de l’excellence ». Il en gagne un « grand pas technique ». « J’ai progressé en finesse, et sur les fondus… » Car l’exercice n’est pas simple. Pas de couleurs vives à mettre en avant. Un univers de nuances et de tensions à révéler. « Une peinture qui chuchote », traduit Alexis Le Borgne.

Promener son pinceau sur la palette militaire, c’était nouveau aussi. Mais la qualité de son travail a sans doute touché quelque chose dans l’indicible qui fait le socle des unités d’élite. « Le général avait convié l’ensemble de l’unité, à la caserne autour du bar commun », se souvient le Plérinais. Pendant que les militaires découvrent les peintures, lui fait la connaissance de ces hommes qu’il admire tant, et qui se trouvent être « sensibles à l’art ». « Ils ont beaucoup de photos, de BD, aussi ».

Depuis, il est fortement sollicité. « Les pompiers de Paris m’ont écrit. Mais je me dis qu’il y a d’autres sujets peu traités en peinture, comme le médical, par exemple ». L’art a cette faculté de « tout lier ». « En peinture, il faut énormément de travail. Et puis, on se fait un langage visuel et on s’ouvre sur le monde ». Mais cela fonctionne, à condition d’avoir « une vraie culture de l’humilité. Je me remets en cause tout le temps et je n’oublie pas d’où je viens… Le petit garçon qui gribouillait chez ses parents. Peindre, ce n’est pas une histoire de don, c’est de la discipline, de la détermination et de la sueur ». Voilà qui parlera sans doute aux hommes du GIGN.